•   -C'est dément.

      J'étais encore sous le choc, assit dans le salon, chez moi, avec Elena, Vanina et Nicolas. Tous humain, et heureusement! J'avais eu un de ces chocs en voyant Nera devenir Elena! Aucun doute que si j'avais été cardiaque, cette scène aurait eu raison de moi. J'étais tellement surpris que, sur le coup, je n'ai même pas pensé à l'engueuler pour m'avoir surpris à ce point. Et comme après j'ai appris qu'elle ne voulait pas au début, qu'elle n'avait pas eu le choix, je ne l'ai pas fait du tout. Par contre, Vanina et Nicolas, eux, me regardaient encore avec méfiance, des fois que j'exploserais à nouveau. D'après ce que j'ai compris, Elena a réagit pareil. Je souris intérieurement. C'est vrai que dans la famille, quand on se met en colère, ça donne pas envie de nous remettre dans cet état! Et c'est pas un truc désagréable.

      -C'est cool, tu veux dire! A répliqué Elena.

      Elle, elle avait trouvé ça génial de devenir Nera. Moi aussi j'avais tenté l'expérience. J'étais bien obligé ou je n'aurais jamais accepté ce que j'ai vu. Je l'ai donc vécu et oui, il faut avouer, c'est cool. Quand on y est, et donc qu'on ne peut pas penser à autre chose. Parce que là, j'étais encore tout chamboulé. Punaise... On pouvait tous les quatre devenir les animaux qu'on touchait! C'était pas incroyable ça?

      -A ton avis Alex, c'est du au cube bleu? Questionna Nicolas.

      -C'est possible, ai-je répondu. On l'a touché tous les quatre, et ce pouvoir s'est révélé après.

      -Possible mais pas sûr, a fait Vanina. Il faut d'abord aller vérifier avec les autres.

      -Quoi? A fait Elena. On doit répéter le même schéma avec Maxime, Grace et Roméo?

      -Sinon, on ne sera jamais sûrs.

      Je poussais un soupir en même temps que ma soeur.

      -Pour Grace et Maxime, ça pourrait peut-être passer, hasarda Elena, mais et pour Roméo? On le connait à peine!

      -C'est pas faux, l'a soutenu Nicolas. C'était déjà difficile avec vous deux alors qu'on vous connait, alors je me demande ce que ça pourrait donner avec un presque inconnu qui a le même caractère que vous...

      Un petit sourire moqueur s'afficha sur son visage. Je lui balançais un coussin dans la figure. Réflexe.

      -De toute façon, on a pas le choix, il faut essayer.

      -Et si ils peuvent le faire aussi?

      Elena jeta un coup d'oeil vers le cube, qu'elle tenait sur ses genoux comme si elle avait peur qu'il disparaisse.

      -Je ne sais pas, a-t-elle dit. Il faudrait voir.

      -Déjà, on essaye avec eux, déclarais-je. Ensuite, on voit.

      J'avais parlé comme si j'étais le chef. Hors, j'étais comme qui dirait le plus jeune. Devant leur regard, je m'empressais d'ajouter :

      -Enfin, c'est ce qu'on avait déjà plus ou moins dit, non?

      Vanina sourit.

      -Ouais, c'est ça. Et puis c'est un bon plan. On y va!

      -Quoi, maintenant? Gémit Nicolas. Mes parents vont s'inquiéter.

      Le visage de Vanina se décomposa soudain.

      -Oh mince! Les miens aussi doivent se demander pourquoi je ne suis pas encore rentrée!

      J'éclatais de rire.

      -Dommage que nos parents à nous ne soient pas là, ils vous l'auraient rappelé beaucoup plus tôt.

      -Mais eux présent, on aurait rien pu faire!

      Je fronçais les sourcils.

      -Pourquoi? Tu ne comptes pas leur en parler?

      -Surtout pas! S'affola Vanina. On ne sait pas d'où viens ce pouvoir, ni trop encore comment il s'utilise, alors moi je dis, on attend, d'accord? Et Elena, cache donc ce cube. Si c'est bien lui qui nous a donné nos pouvoirs, alors je pense que ça vaut mieux.

      Ma soeur hocha la tête.

      -Oui, c'est ce que je comptais faire.

      -Et pour les autres? Hasarda Nicolas. Si  jamais ils se transforment sans le vouloir? Et imaginez un peu que eux, ils le fassent devant des gens, genre dans une rue pleine de monde!

      Je vis Elena faire la grimace.

      -En effet, se serait pas terrible. Le plus prudent serait quand même de leur en parler aujourd'hui.

      -Mais, et pour les parents?

      -Vous avez vos portables sur vous?

      Nicolas et Vanina hochèrent la tête.

      -Eh bien parfait! Envoyez leur un SMS, appeler risquerait de nous retarder, surtout qu'ils pourraient gueuler.

      -J'ai déjà eu mon compte de cris pour aujourd'hui, sourit Vanina.

      Je me doutais qu'elle faisait allusion à nous. Je me tournais vers elle.

      -C'est ta faute! Tu as vu un peu comment tu nous a sorti ça?

      -Et moi et Nicolas, tu crois quoi? Qu'on s'y attendait?

      -Non, mais c'est pas une raison, vous auriez pu y aller plus doucement!

      Elena me soutenait à fond.

      -C'est vrai!

      Nicolas leva les mains comme pour se rendre.

      -Ok ok, on a eu tort. On peut y aller maintenant?

      Je bondis sur mes jambes en même temps que ma soeur.

      -C'est parti!


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  •   Ca marchait!

      Incroyable. Je n'étais plus du tout effrayée, j'étais émerveillée. Mes mains se changeaient en pattes! Des pattes avec des coussinets délicats, une fourrure tigrée et des griffes cachées dans des écrins de velours.

      La classe!

      Je me suis soudain sentie un peu anxieuse.

      -Vous êtes sûrs qu'on peut inverser le processus après?

      -Bien sûr! Regardes Nicolas!

      Je l'ai regardé, et il était humain. Alors, je me suis détendue et c'est allé plus vite. Beaucoup plus vite. Avant que j'ai le temps de dire ouf et de sentir tout ce qui avait changé, j'étais devenue un chat. Complètement. Ou plutôt une chatte.

      Oh punaise...

      Mentalement, j'étais sur le cul, et ce à quelques six mètres de profondeur. Ouah! C'était génial, dément! Être un chat, c'était mille fois mieux que tout ce que j'avais pu imaginer.

      < Waouh! >

      -Ah, tu vois? M'a raillé Vanina.

      Leur présence m'a rappelé mes étranges sautes d'humeur. Avouez que je ne réagissait pas de façon logique, un coup j'étais effrayée, l'autre excitée... Enfin bref, sur le coup, ça n'avait pas tellement d'importance.

      J'étais un chat. Vous ne vous rendez pas compte ce que ça fait! Je me sentais... Comment l'expliquer? C'est impossible à expliquer. L'humain vit dans un monde humain, avec des mots adaptés à sa vie humaine, à des sensations humaines. Aucun mot ne peut décrire ce que je ressentais. Je voyais les mouvements comme aucun humain ne les verrait jamais. Des mouvements infimes, de grands mouvements, je les voyais avec... comment dire? Avec une précision qui me paraissait inouïe. Et ce n'était que la vue! Je ne vous parles pas des autres sens! Fantastique! Je pouvais entendre beaucoup plus de choses qu'un humain, et même des choses que je n'entendais pas et dont j'ignorais tout, mais quelle importance? Je voyais moins de couleurs aussi, mais ça ne me gênait absolument pas. Et puis l'instinct est arrivé. Jeune et plein d'énergie, une énergie au-delà de ce que ce mot peut signifier pour un humain.

      < Waouh! > ai-je répété, mais c'était tellement vrai!

      -C'est comment? A demandé Nicolas.

      < C'est génial! >

      -Ca on avait compris. Tu ne peux pas préciser?

      < Pas vraiment, c'est difficile, voir impossible à expliquer avec des mots humains. >

      -Je croyais que t'étais littéraire.

      < Je ne vois pas le rapport. Ecoute, à moins d'être une super écrivaine, c'est vraiment hyper dur de décrire ce que je ressens. C'est comme... Je sais pas moi! Je marche à quatre pattes, ça devrait me paraître bizarre, sauf qu'en même temps, c'est naturel, ça me paraît être la meilleure position. J'ai la tête en avant, mais elle ne part pas vers le sol, j'ai une queue qui équilibre l'ensemble alors que je n'en ai pas dans mon corps humain. C'est... génial. >

      C'était un résumé vraiment court de tout ce qui changeait par rapport à être un humain. C'était totalement différent, mais c'était déjà grisant. Incroyable. Vivre comme ça, c'était...

      -Elena, y'a ton frère qui arrive.

      < Hein? Oh mince! Comment on fait déjà pour redevenir humaine? >

      -Reste comme ça pour l'instant, on va lui faire comme avec toi! S'est exclamé Vanina.

      < Ah non! Je sais ce que ça fait, c'est vraiment pas une bonne idée! Il... >

      -Trop tard, il est là, annonça Nicolas. Tu n'as pas le temps de démorphoser.

      < Dé... quoi? >

      -Laisse, on t'expliquera.

      Je m'éloignais en marchant. En tant que chat. Je sais, j'insiste, mais c'est tellement incroyable! Mon poids reposait sur le sol, sur mes pattes, pourtant, je ne faisais aucun bruit et j'avais l'impression d'évoluer... comment dire? Comme si je ne touchais pas vraiment le sol, comme si je n'appuyais pas vraiment dessus. Comme si je le survolais.

      Waouh!

      Et puis je suis arrivée devant la chaise sur laquelle j'étais tout à l'heure. Il y avait encore mon odeur dessus. J'ai sauté, et là, j'ai été projetée dans les airs!

      < Waouh! >

      Vanina m'a foudroyée du regard. Je me suis retournée sur la chaise, encoure toute excitée, lorsque j'ai entendu plutôt que vu Alex s'arrêter à l'entrée. Je l'entendais d'ici se demander :

      -C'était quoi ce bruit?

      Il a attendu quelques secondes et, comme je m'abstenais de lui lancer un joyeux "Coucou frérot! Tu sais quoi? Je suis un chat!", il entra enfin et parut surpris  de trouver Nicolas et Vanina.

      -Tiens, qu'est-ce que vous faites là? Elena n'est pas rentrée?

      Puis il remarqua le cube bleu, posé à côté de l'ordinateur sur lequel était toujours affiché le résultat de mes recherches vaines, et puis il remarqua enfin l'expression de Vanina et de Nicolas.

      -Bon sang, mais qu'est-ce qui vous arrive?

      -Si on te raconte ce qu'on a découvert, tu ne nous croiras jamais, a fait Nicolas.

      Vanina a approuvé d'un hochement de tête.

      -Exactement. Alors, plutôt que de t'expliquer, on va te montrer. N'ai pas peur, tout sera normal, enfin, aussi normal que possible...

      Elle échangea un sourire entendu avec Nicolas et moi. Alex, lui, paraissait complètement perdu.

      -Va-y Elena.

      Alex m'a regardé bêtement.

      -Elena? C'est Nera ça, notre chatte. Pourquoi tu...

      Il se tut. Je venais de sauter de la chaise.

      Et j'avais commencé à démorphoser.


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  •   "Après, tu essayes"

      Pardon, on parlait bien de moi là? Hors de question! Vu comment j'avais flippé quand ça avait été Nicolas, je ne supporterais jamais que ça m'arrive à moi. Et puis comment ça pouvait marcher? C'était impossible, je ne pouvais pas devenir chien, ou quoi que se soit d'autre! J'aurais juste l'air ridicule!

      Vanina n'eut pas besoin de m'entendre parler pour comprendre que je n'étais pas vraiment prête à coopérer.

      -Allez, essaie! Ne t'inquiète pas, ça ne fait pas mal, et puis on est là.

      < En plus, si tu prend un chien aussi, tu vas tout de suite oublier ta peur. >

      -AAAAAAAAAAAH!!!!

      J'ai illico bondit de la chaise. D'où? D'où venait cette voix? Elle avait vraiment résonné directement dans ma tête? Ou alors je devenais folle?

      -Sortez, ai-je fait.

      Vanina m'a regardé sans comprendre.

      -Qu'est-ce qui t'arrives Elena? Tu vas voir, c'est génial.

      Là, j'ai craqué.

      -COMMENT CA C'EST GENIAL? VOUS VOUS RAMENEZ AVEC L'AIR D'AVOIR VU UN FANTÔME ET LA DESSUS NICOLAS DEVIENT UN CHIEN!!! COMMENT VOUS VOULEZ QUE JE RESTE CALME?

      Vanina a reculé en me regardant comme si je l'avais baffée sans raison. Le chien, lui, est allé se cacher derrière le canapé.

      < Doucement, on ne voulait pas de faire peur! On croyait que tu réagirais comme nous! Et puis tu as toujours rêvé que ce genre de truc arrive pour de vrai. >

      Encore cette voix. Mais d'où venait elle? J'ai cherché, je me suis frottée la tête.

      -Qu'est-ce qu'il y a? A demandé Vanina.

      -J'entend une voix dans ma tête, ai-je grommelé. Ca y est, je deviens folle.

      -Ah...

      Elle a éclaté de rire. Je vous jure qu'à cet instant, j'aurais bien aimé la baffer pour de vrai.

      -Ca, c'est Nicolas! Sous forme de chien, il ne peut pas parler, alors il communique par parole mentale. Enfin, je suppose que c'est la bonne explication.

      Je m'avançais un peu, hésitante. Mon affolement était brutalement retombé et je me sentais crevée.

      -Nicolas, c'est toi?

      < Bien sûr! >

     Je poussais un long soupir.

      -Je t'en prie, Nicolas, redeviens humain. Redevient Nicolas ou je vais péter un cable.

      < D'accord, à condition que tu essaye aussi. >

      J'ai ouvert de grand yeux.

      -Pardon? Tu m'obliges à essayer? Tu...

      Et d'un coup, ça m'a frappé. C'est vrai, quand je lis ce genre de truc, je rêve toujours que la réalité soit pareil. J'ai toujours rêvé pouvoir devenir un animal, avec de supers sens, de supers capacités. Mais entre le rêver et pouvoir le faire...

      -Je... je ne sais pas.

      Vanina se tenait prudemment à côté de moi, prête à décamper si je faisais mine de m'énerver.

      -J'ai essayé aussi, je te jure que ça ne fait pas mal. C'est même cool une fois la surprise passée.

      J'ai poussé un soupir. Je n'étais vraiment pas rassurée, mais en même temps, il faut bien avouer que c'était excitant.

      -Allez, d'accord. Dites-moi juste comment vous avez fait.

      < On a mit quelques minutes à comprendre comment ça marche, a expliqué Nicolas. En fait, il suffit que tu touches un animal en te concentrant sur lui. Ensuite, tu le lâche et tu te concentres à nouveau sur lui, sauf que cette fois, tu le deviens. >

      -Euh... Et pourquoi il faut le toucher au début?

      -Ca, on ne sait pas, a avoué Vanina. Mais ça marche, ça c'est sûr!

      J'ai pousssé un long soupir. Un très long soupir.

      -Ok, je vais essayer.

      < On doit retourner voir le chien? > Demanda Nicolas.

      -Non, je vais essayer avec Nera.

      Nera, c'est ma chatte. Elle est jeune, elle est tigrée, bref, elle est toute mimi. Enfin, je trouve, personnellement. C'est clair que si je dois devenir un animal, c'est par elle que je commencerais. Et puis je ne connais pas bien les chiens moi, je suis plus félins.

      J'ai dis aux deux autres d'attendre là. A peine avais-je quitté la pièce que je croyais déjà avoir rêvé. Je me retins de passer la tête dans la pièce, voir si ils étaient toujours là, et je cherchais une boule de fourrure tigrée.

      -Nera, où es-tu? Nera, ma Nera...

      Je parlais à voix basse, douce. On dit que ce n'est pas possible de dresser les chats. Moi, dès que j'ai eu Nera - elle était chaton alors - je l'ai entraîné, et maintenant, elle répond quand je l'appelle, entre autre.

      En effet, à peine quelques seconde plus tard, une ombre passa une porte entrouverte pour se diriger vers moi. Nera se planta devant moi, l'air de dire "Qu'est-ce qu'il y a? Tu as des friandises pour moi?" Je souris.

      -Approche, ma mignonne.

      Je me suis accroupie pour la caresser. Toujours remercier un animal qui a obéit à un ordre, c'est important, alors je l'ai félicitée. Au début, c'était avec des friandises, maintenant, quelques paroles et des gratouilles suffisent, et je me félicitais de lui avoir appris ça très tôt. Parce que, pour dormir, Nera trouve toujours des cachettes incroyable, et si on la cherche au moment de la sieste, la meilleure technique et encore d'attendre qu'elle ai faim ou envie de se dégourdir les pattes!

      Pendant que je la caressais, je fis ce que Vanina et Nicolas m'avaient dit : je me suis concentrée sur elle. Aussitôt, Nera parut plus calme. Je l'ai même entendue ronronner. Ah, elle est trop mignonne ma Nera!

      Bref. Une fois que je jugeais que c'était bon, je la pris dans mes bras pour aller dehors. Elle se laissa faire, à ça aussi, je l'avais habituée très tôt. Je la laissais courir dans l'herbe et retournait à l'intérieur. Si, comme je le pensais, on devenait l'animal qu'on touchait, je préférais de pas me retrouver face à un double de ce que je deviendrais, ça me paraissait assez loufoque comme ça, pas besoin d'en rajouter!

      Lorsqu'ils m'ont vu, Vanina et Nicolas se sont redressés, attentifs. Nicolas, l'humain, il l'était redevenu pendant mon absence. Je me suis demandée si il serait vraiment resté sous cette forme même si j'avais refusé. Et puis je me suis dit que de toute façon, même sans ça, j'aurais voulu savoir si c'était vrai tout ça et j'aurais fini par essayer. Finalement, ils n'avaient peut-être pas eu tort en agissant ainsi, même si je leur en voulais toujours un peu.

      -Allez, vas-y!

      Vanina était beaucoup plus excitée que moi. J'avais encore la trouille. Qu'est-ce que ça allait donner? Allait-je réussir? Je suppose puisque Nera était devenue calme, comme eux lorsqu'ils avaient touché le chien. Je poussais un énième soupir.

      -Quand il faut y aller...

      Et je me concentrais sur Nera. Sur mon chat.


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  •   Si un jour, vous trouvez un cube au milieu de la rue et que vous n'arrivez pas à savoir ce que c'est, vous faites quoi? Vous le laissez là? Je suppose que ça aurait été la réaction de pas mal de gens, et en cet instant, je regrettais de ne pas avoir fait pareil! C'est que, sur quelques seconde, c'est facile à porter, mais le cube était vraiment lourd pour sa taille, et au bout de plusieurs minutes, je commençais sérieusement à avoir les bras et les avant-bras fatigués. Et il me restait encore une rue avant la mienne. Je poussais un soupir du style "Mais qu'est-ce qui m'a pris, hein?" En plus, Alex n'était même pas là pour m'aider, il était parti faire un truc connu de lui seul. A quoi ça sert un frère si c'est jamais là quand il faut, hein? Bon, j'exagère, il était tout de même là quand j'ai perdu l'équilibre tout à l'heure, mais j'aurais préféré qu'il soit là pour qu'on se relaie plutôt!

      J'arrivais jusque chez moi et ne pu retenir un soupir de soulagement. Enfin débarassée du poids de ce maudit cube! Y'avait intérêt à ce que je trouve à quoi il servait! Et si il pouvait avoir de la valeur, ça serait encore mieux...

      Mais oui, c'est ça, et les gens abandonnent des billets de 500€ dans la rue. Faut pas trop rêver! Mais bon, quand je suis dans mes petits délires, c'est difficile d'en sortir, et puis je ne fais de mal à personne, n'est-ce pas? Alors allons-y! J'avais peut-être un objet précieux et révolutionnaire entre les mains! Restait à savoir ce que c'était et d'où ça venait.

      Si seulement je savais la vérité à cet instant... J'aurais sans doute laissé le cube là. Non, je serais plutôt allée le cacher là où personne n'aurait l'idée d'aller le chercher.

      Mais je ne savais pas, et mes parents étaient absent. Je me suis donc collée à internet et ai cherché des images ayant pour mots clé "cube bleu". Et vous savez quoi? Rien de ce que j'ai trouvé n'y ressemblait, ne serait-ce qu'un peu. Ca m'a tellement intriguée que j'ai continué à chercher, modifiant les mot-clés, précisant la description, allant chercher sur le web, mais rien, je ne trouvais pas. Incroyable!

      Je ne sais pas combien de temps j'y ai passé. Un quart d'heure, une heure? Je n'arrive jamais à mesurer le temps qui passe quand je le passe sur l'ordinateur. En tout cas, Nicolas et Vanina ont soudain déboulé chez moi sans frapper. Je me suis retournée, contrariée. Ils ne pouvaient pas attendre un peu? C'est alors que j'ai vu leurs expressions.

      -Qu'est-ce qui se passe?

      Ils avaient l'air... Comment dire? Pas juste chanboulés, on aurait plutôt dit qu'il venait de voir un fantôme. Mais en même temps, malgré la surprise, le dit fantôme n'avait pas l'air de leur avoir fait mauvaise impression, vous voyez? Non? Ca ne m'étonne pas. Bref, j'étais incapable de décrire leur expression, mais impossible de ne pas comprendre qu'il leur était arrivé quelque chose de particulier.

      -Tu vas jamais nous croire! S'est exclamé Nicolas.

      Il rayonnait. C'est plutôt rare. Sans être méchant ou blasé de la vie, c'est plutôt rare de voir Nicolas sourire et s'amuser franchement, alors là, j'avais un peu l'impression de rêver.

      -Qu'est-ce qu'il vous est arrivé?

      Je devais avoir l'air franchement surprise parce que Vanina m'a demandé :

      -On fait quel genre de tête?

      -Je pourrais pas expliquer, regardez-vous dans une glace.

      Elle éclata de rire. Bon sang, ils me faisaient flipper!

      -Yo! Vous m'expliquez?

      -On s'est transformés! A fait Nicolas. Moi d'abord, puis elle, en le chien du passage qu'on prend pour rentrer.

      Je les ai regarder sans faire aucun commentaire. Dans les romans, ce genre de truc, je veux bien, m'enfin bon, faut pas exagérer quoi.

      -Tu nous crois pas?

      -Exact, Sherlock.

      -Je m'en doutais. C'est pas grave. Nico, montres-lui!

      Je suis restée plantée devant eux, franchement sceptique. Comment vous expliquer? J'avais l'impression qu'on me trahissait, mais en même temps, c'est pas comme si c'était volontaire ou contre moi, vous voyez? Je sais pas comment l'expliquer non plus, mais en gros, je me sentais comme trahie.

      -Vous avez pris quoi comme drogue? Vous... oh punaise...

      Nicolas... Il changeait! Je ne rêvais pas! Il était en train de rétrécir! Il m'adressait toujours un grand sourire, mais il faisait dix centimètres de moins, d'un coup, comme ça, et continuait à la même allure.

      -Que.. arrête!

      Ca m'affolait de voir ça, vous pouvez pas savoir. Vanina a posé une main qui se voulait rassurante sur mon épaule.

      -T'inquiète pas, tout va bien, on a déjà essayé. Tu...

      Je l'ai repoussée brusquement et réussi l'exploit de ne pas hurler en lui répondant.

      -Non, tout ne va pas bien! Tu te rend compte de ce qui se passe? Nicolas est en train de... oh non...

      Ca n'avait pas commencé tout de suite, mais maintenant, je le voyais clairement : Nicolas changeait. Pas sa taille, le reste de son corps. Ses vêtements et sa peau disparurent sous une masse de poils noirs, roux et compagnie, une queue lui poussa soudainement. Comme ça, sans prévenir, un truc de plusieurs dizaines de centimètres au moins sorti de son derrière. Au même moment, ses genoux s'inversèrent. Ca ne fit aucun bruit, mais le simple fait de le voir me fit frissonner, même si j'étais plus calme que tout à l'heure, enfin, un peu.

      Après tout un tas de changements, la métamorphose cessa. Maintenant, ce que j'avais devant moi, ce n'était plus Nicolas, c'était un chien. Un chien, à la place d'un humain. D'un ami. Sur le coup, je me suis carrément sentie mal.

      -Oh punaise... Oh punaise... Oh punaise...

      Je n'arrêtais pas de répéter ça. J'étais si choquée, vous ne pouvez pas imaginer. Si vous aviez vu un proche à vous changer comme ça, je suis sûre que vous auriez paniqué aussi!

      Vanina a tourné un regard triomphant vers moi.

      -Alors, tu vois? On ne ment pas! Mais... Elena? Tu es toute pâle.

      Ca ne m'étonnait pas.

      -Je vais m'asseoir une seconde... ai-je fait, hébétée.

      Vanina hocha la tête, l'air entendu.

      -Bien sûr, je comprend, ça peut choquer au début.

      Je me suis assise, me retenant de lui hurler dessus. Comment ça, "ça peut choquer"? Est-ce qu'elle se rendait compte que...

      -Après, tu essaye. Nicolas et moi, on pense que tu peux le faire aussi, il faut qu'on vérifie quelque chose.

      Je me suis aussitôt figée.

      -Que... moi?


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